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Kawa Ijen le volcan aux flammes bleues

Je me dois de l’avouer cet endroit est dans mon imaginaire depuis bien avant mon tour du monde, le peu d’images que j’en ai vu sont impressionnantes, un volcan qui crache du souffre et des flammes bleues c’est tout de même assez unique a priori.
A une heure du matin il est donc temps de monter dans une voiture, en 1h de route j’arrive au point de départ de la rando qui mène au volcan. Étonnamment il y as beaucoup de monde ici, surtout des indonésiens venus comme moi en touristes.
La montée jusqu’au volcan ne pose aucun problème, le chemin bien que raide est large et on peut acheter de quoi se ravitailler en route, il y as des échoppes tout au long du chemin. Plus on se rapproche plus on sent par intermittence l’odeur du souffre qui vient du volcan. Sur le bord du cratère il y as des centaines de personnes qui attendent dans le brouillard, remontent ou descendent dans le cratère.

A partir d’ici un masque a gaz est fortement recommandé, les agences qui organisent des tours en prêtent mais vous pourrez aussi en louer un au sommet du volcan, globalement il s’agit de matériel dans un état assez moyen, si vous comptez passer beaucoup de temps au fond du cratère il peut être intéressant d’en acheter un neuf a Banyuwangi.
La descente dans le cratère se fait par un chemin escarpé, le cratère est rempli de fumée et de nuages si bien qu’on y voit pas grand chose et qu’en plus ça sent le souffre !

Pendant la descente je croise les premiers mineurs qui remontent chargés de souffre jaune. Ils ont deux paniers reliés par une tige en bambou, a première vu ça ne paraît pas si énorme, en réalité ils porte 60 a 80kg, le souffre est un minéral qui pèse lourd ! Comme tous les mineurs du monde ils sont plutôt mal équipés, beaucoup sont en tongs, si certains ont des masques a gaz la plupart utilisent juste un tissu mouillé a travers lequel ils respirent.

Je continue ma descente, on y voit de moins en moins bien et les gaz sont de plus en plus agressifs, ça commence a piquer dans la gorge mais je n’ai encore rien vu ! Tout en bas j’arrive au bord du lac, sur ma gauche dans l’épaisse fumée on voit du monde qui s’agite, ou plutôt des lampes qui bougent ! L’action se passe ici, les gaz qui sortent du volcan ont été canalisés pour que le souffre se condense en un liquide jaune qui coule sur le sol avant de se solidifier, les mineurs cassent ensuite la croûte de souffre qui se forme pour l’emporter. En fonction du vent on y voit soit très clair, soit le vent rabat les vapeurs sur moi et je me retrouve dans une fumée tellement dense que je ne vois parfois plus mes pieds ! Et ça attaque mes poumons, malgré le masque a gaz j’ai l’impression d’étouffer, tout le monde tousse ce qui en fait augmente la douleur et essaye de récupérer de l’air comme il peut, ça dure plusieurs secondes, parfois des minutes entières. Ma peau me brûle, tout comme mes yeux, en fait tout me brûle ! Lorsque la fumée est dense il est impossible de s’échapper, on ne voit pas le sol et marcher en aveugle sur le terrain accidenté du volcan n’est pas vraiment possible de toute façon ou aller, le nuage de fumée toxique remplit probablement toute la zone.

Jusque la je n’ai toujours pas vu les fameuses flammes bleues, en demandant un peu je finis par comprendre que les flammes sont la ou le souffre sort du volcan, donc en haut des tubes qui descendent du volcan, on m’indique un passage raide qui semble aller jusque la haut. Je m’y aventure avec un Indonésien qui tient comme moi absolument a y aller alors que a priori le vent n’est aujourd’hui pas assez fort pour chasser les fumée. Bref je monte quand même la pente raide jusqu’à l’endroit d’où sort le gaz, ici je me rends compte qu’en fait seule une petite partie des gaz est canalisée, l’essentiel s’échappe directement du volcan et d’ici on voit des éclairs bleu assez fugaces, les gaz sont a plus de 600° et le souffre gazeux s’enflamme instantanément au contact de l’oxygène de l’air en formant une flamme bleu foncée. Mes poumons et mes yeux me rappellent immédiatement a la réalité, je suis au milieu des gaz et j’étouffe littéralement, je voulais faire des photos mais il faut faire très vite entre deux nuages de gaz, en mise au point manuelle, dans le noir… voilà la meilleure que j’ai ! Je n’ai pu rester que quelques minutes et je me suis retrouvé dans un nuage de gaz si dense que lorsque j’ai inspiré j’ai cru mourir instantanément, j’ai du attendre plusieurs minutes avant de pouvoir redescendre.

Il est 4h du matin temps pour moi de remonter le cratère voir un lever de soleil qui as tres peu de chances de se produire vu la météo, je n’ai a nouveau pas de chances mais décide de redescendre dans le cratère une fois le jour levé pour avoir un point de vue différent. Il me faut a nouveau affronter les gaz mais de jour c’est un peu plus simple, j’ai une belle vue sur le lac et un mineur m’invite a tremper ma main dans l’eau du lac… euhh ma main dans un lac d’acide sulfurique ? L’expérience est plutôt sympa, le lac est en fait très chaud, entre 50° et 60° et si on prend soin de rincer se main après coup il n’y as pas de problème. En plus d’être déjà un des seuls endroit ou du souffre cristallin sort de terre le lac du Kawa Ijen est un des seuls lac d’acide sulfurique au monde (PH de l’ordre de 0), il est impossible de naviguer dessus sauf a utiliser un bateau spécial, sa profondeur exacte n’est pas connue, mais on l’estime a 200m et plus on descend plus il est chaud, 160° a 200° au fond !

De jour je refais quelques photos avec les mineurs et les bouches de souffres avant de remonter, j’arriverais avec 10 minutes de retard et me ferais sermonner par mon « ami » polonais… alors qu’ils m’imposent une visite a une plantation de café et des cascades, le chauffeur l’a promis on y va ! Moi je serais bien retourné dormir après ma quasi nuit blanche et mes poumons qui continuent de me brûler.

Le Ijen c’est probablement une de mes meilleurs expérience de voyage, visiter un volcan actif, de surcroît aussi unique ça restera dans ma mémoire.
Pour ceux qui sont tenté par l’expérience, le volcan est accessible depuis Java ou Bali (il faut traverser en ferry), ce n’est certainement un truc sain ni bon pour la santé, mes poumons m’ont brûlé pendant plusieurs heures mais comme pour d’autres endroits que j’ai visité je pense que le danger est limité dans la limite ou on ne reste la qu’un court instant et l’expérience vaut largement ces efforts.

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