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Kedougou 2/2 : Bandafassi, Elowa, villages et mines d’or

Aujourd’hui je poursuis ma visite des villages ethniques, au programme : Elowa et Bandafassi et les villages sur les montagnes.

Dindefelo, Elowa, Bandafassi et quelques autres sont des villages de la vallée, situés prés des pistes, Dandé et d’autres villages sont les villages « refuge » historique et sont isolés en haut des collines et accessibles uniquement a pieds.
Elowa ne représente pas de très grand intérêt si ce n’est quelques très grands arbres, manguiers, fromager et baobabs. La montée dans la colline est toujours aussi difficile mais moins longue qu’hier et débouche sur un village assez grand. Comme chaque fois que nous allons dans les villages reculés, nous offrons des noix de cola, du savon et des bonbons pour les enfants comme le veut la tradition. Les villageois vendent quelques objets d’artisanat et des aiguilles de porc epic, il y a des enfants partout, qui s’amusent pas mal des photos que je prends d’eux.

Bandafassi est probablement le plus connu des villages environnants, ici se tenait jusqu’à récemment un festival des ethnies minoritaires, il y a également une sorte de musée avec des reconstitutions de cases traditionnelles, l’endroit, super propre et « lisse » fait un peu tache au milieu du reste du village. On a même construit une piste d’accès spécifique a cette zone, pour que les touristes ne soient pas choqués par le reste du village ? L’endroit me laisse en tout cas une impression bizarre.

Le temps d’une nouvelle montée hardue dans la montagne, pour découvrir un joli petit village niché dans la montagne et un point de vue sympa sur la vallée et les collines environnantes. L’occasion également de passer voir le baobab sacré, avec ses presque 30m de circonférence il est presque aussi large que haut ! Normalement on doit demander l’autorisation du chef du village et lui faire un cadeau avant de voir le baobab mais personne ne semble savoir ou le vieux est parti, on aura donc fait sans. Au passage j’en apprends également un petit peu plus sur les rites d’initiation qui ont lieu entre avril et mai, ce sont les rites de passage a l’age adulte. Garçons et filles vivent séparés une bonne partie de ces rituels qui durent plusieurs jours, des personnes qui ont des origines Bediks ou Bassaris viennent du monde entier pour réaliser cette initiation, on peu en principe y assister, malheureusement je suis la au mauvais moment et on refusera de m’en dire beaucoup plus sur ceux-ci.

Ce soir c’est mon chauffeur qui m’invite a dîner chez lui, il vit en ville avec sa mère, des cousins, sa sœur et un frère et les enfants dans plusieurs case entourées d’un enclos dont finalement je ne sais pas trop a quoi il sert vu qu’il y a autant d’animaux a l’intérieur qu’a l’extérieur. En route il me montre un « clando », bar clandestin ? Je ne saurais pas, ici les gens se réunissent pour discuter, fumer, boire de la bière mais surtout du vin de palme. Le vin de palme c’est la sève d’un palmier qu’on prélève et laisse fermenter, en fonction de la durée de fermentation la teneur en alcool augmente, il s’agit d’un produit 100% naturel qui ne se garde pas. Ça donne un liquide laiteux, l’odeur est vraiment particulière, ça ressemble a l’odeur de l’œuf pourri, le goût est assez acide mais n’est pas mauvais.

Nous finirons par une bière au « bon coin », un des seuls bars/boite de la ville, certes il y a de la musique mais aussi le match de foot a fond sur la grande télé, beaucoup plus intéressant pour la majorité des gens ici…


Après un peu d’hésitation je me suis finalement décide a rester un jour de plus ici pour aller visiter les mines d’or dont l’exploitation un temps interdite a repris depuis seulement quelques semaines. Direction Bantako donc, 25km de route, puis quelques kilomètres d’une piste assez mauvaise, on se perds a moitié et on fini a pieds. Aux premiers trous de mine on se fait arrêter par les mineurs ou plutôt le gardien du lieu de ce que j’en ai compris qui demande un prix totalement fantaisiste pour la visite. Lorsque je sors mon appareil photo du sac on me regarde vraiment bizarre, mon chauffeur n’arrive pas vraiment a négocier, pour la première fois au Sénégal je sens une tension certaine et demande au chauffeur de partir avant que ça ne tourne mal. Je ne verrais donc pas grand chose des trous de mine mais visiterais quand même le village ou une partie de l’exploitation est réalisée.
Ici on fait de l’extraction a « l’ancienne », on creuse un trou a travers la roche dure pour accéder a la roche mère en dessous, une sorte de calcaire. Cette roche est ensuite broyée en plusieurs étapes jusqu’à devenir une fine poussière, celle-ci est ensuite lavée sur un pan incliné, les particules d’or sont retenues dans une sorte de paillasson, après plusieurs étapes de lavage supplémentaire l’or est ensuite aggloméré avec du mercure.

Bantako ressemble probablement a ce qu’on pu être les villages de la ruée vers l’or du siècle dernier, des cabanes construites avec les moyens du bord (plastique, bambou), un endroit assez sale, beaucoup de gens, des familles entières vivent ici mais si probablement quelques uns ont fait fortune l’immense majorité en est vraiment très loin.

Apres notre demi échec de la matinée Younoussa, le cuisiner de l’hôtel avec qui j’ai pas mal sympathisé propose de m’emmener dans son village et sur une des colline pas trop difficile d’accès.

Younoussa, 33 ans, il a fait la formation pour être guide mais travaille comme cuisinier chez Nieriko et construit pierre par pierre son campement villageois pour avoir un jour sa propre affaire. Il me montre rapidement l’endroit ou vit sa famille, sa propre maison, sa femme, son fils puis nous allons a son campement, il a déjà 5 cases jaunes et bleues du plus bel effet, un abri ou se mettre a l’ombre et boire le thé.

D’ailleurs je n’ai pas encore parlé du thé, une institution au Sénégal, la préparation suit tout un rituel et il n’y a pas un thé, mais trois. Après avoir fait bouillir le thé pendant un long moment, il faut faire la mousse avec deux ou trois verres, ça n’y semble pas mais j’ai essayé et il y a une vrai technique. Une fois la mousse faite, on sert le thé aux hôtes, la mousse ne se boit pas, on remet de l’eau dans la théière et on recommence sans rajouter de thé. Le premier thé est vraiment très fort au point qu’on est presque obligé de boire de l’eau juste après, les deuxième et troisième sont de moins en moins forts. Personnellement celui que je préfère est le deuxième.

Une fois les heures vraiment chaudes de la journée passées nous montons la colline jusqu’au village qui est vraiment petit, de ce que j’en comprends une seule grande famille vit ici. Nous pousserons le vice jusqu’à escalader les rochers a coté du village, la vue sur les environs est superbe.

Finalement l’après-midi aura plus que rattrapé la matinée, merci a Younoussa de m’avoir fait partager une partie de sa vie et je lui souhaite du succès dans ces projets.

Demain je repars pour Tamba avant de continuer vers Ziguinchor et la Casamance. Kedougou c’est certes le bout du monde, cela m’a coûté bien plus que prévu vu que je n’ai trouvé personne avec qui partager la location du 4×4 mais l’effort pour venir jusqu’ici en valait la peine.


2 thoughts on “Kedougou 2/2 : Bandafassi, Elowa, villages et mines d’or”

  1. Nicoas

    Sacré Pat, trop drôle de te voir en photo là bas 🙂
    Ils sont chouettes les portraits !

    Nicolas

  2. Voilà donc un bon article, bien passionnant. J’ai beaucoup aimé et n’hésiterai pas à le recommander, c’est pas mal du tout ! Elsa Mondriet / june.fr

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