Après quelques heures de vol me voilà a Johannesbourg, l’aéroport (OR Tambo) est ultra moderne, passé les formalités habituelles : trouver une carte sim (très cher ici, 100R), retirer de l’argent, j’appelle l’auberge ou je loge pour qu’ils viennent me chercher. Ici la plupart des hôtels et auberges de jeunesse organise des « pick up » gratuits a l’aéroport, ça prend un peu de temps mais c’est quand même bien pratique.
Me voilà donc a Brown Sugar, une auberge construite dans la maison d’un ancien baron de la drogue (Brown Sugar c’est l’autre nom de l’héroïne), l’endroit a un charme certain et il y a tout sur place : distributeur de billet, bar, piscine, une cuisine, plein d’espaces communs, des dortoirs certes grands mais bien organisés… heureusement car a l’extérieur c’est une banlieue résidentielle, pas l’ombre d’une boutique a l’horizon.
Je n’ai que deux nuits de réservées ici et je bouge donc ensuite a Curiocity, une nouvelle auberge de jeunesse située dans un quartier proche du centre ville. L’endroit as le charme des vieux bâtiments industriels rénovés, c’est un immense loft avec tout le confort, surtout c’est en ville, il y a restaurants, boutiques et tout ce dont on peut avoir besoin a proximité. Par contre les consignes sont claires : la rue devant (fox street) est sure, main street juste derrière aussi, par contre Commisionner street est très dangereux, bref on peut se balader mais pas n’importe ou.
Johannesbourg est la plus grande ville du monde qui ne soit pas a proximité d’un lac, d’un océan ou d’un fleuve, située a 1700m d’altitude, dans une zone aride, cette ville est quelque part une aberration de la nature et ne doit son existence qu’au filon d’or découvert ici il y a 150ans. L’eau provient des montagnes du Lesotho a quelques 300km de la, peu de choses poussent dans les environs immédiats et beaucoup de choses sont donc importées d’autres régions.
L’exploitation de l’or as crée la ville qui est quasiment entièrement construite sur des terrils, immenses collines de fine poussière jaune, résidus de l’extraction minière sur lesquels on essaye de faire pousser de la végétation pour éviter les tempêtes de poussière.
Le centre ville, historiquement en grande partie réserve aux blancs a été abandonné dans les années 90, depuis plusieurs années des initiatives privées rachètent progressivement les bâtiments et rues, réhabilitent et transforment certaines zones. La plupart des initiatives sont mixtes c’est a dire qu’elles visent a l’installation de lieux d’habitation, de bureaux, de commerces et souvent d’espaces réservés aux artistes. Curiocity est dans l’un de ces quartiers et le résultat est plutôt convaincant, la mixité sociale y persiste, les loyers sont assez bas pour permettre les initiatives personnelles et la sécurité est assurée… il y a des gardes a tous les coins de rue.
Je profite de mon passage ici pour faire un grand classique : Soweto + musée de l’apartheid. Soweto c’est la plus grande et aussi le plus grand township de Jo’burg, la première partie de la visite se passe dans un quartier pauvre et le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle saute aux yeux, ici il n’y a pas d’égout, pas d’eau courante, pas de toilettes, une partie du quartier n’a pas d’électricité, les maisons sont faites de bric et de broc. Ici vivent essentiellement des migrants noirs, venu des régions les plus pauvres du pays dans l’espoir de trouver un travail qui n’existe plus vraiment ici vu que le chômage serait officieusement de plus de 30% a Jo’burg. Je pense n’avoir jamais vu d’endroit aussi misérable de toute ma vie. L’autre partie de Soweto, celle ou se trouve notamment la maison de Mandela est a l’opposé, très riche, les rues sont propres, les maisons immenses et l’endroit est a l’évidence devenu très touristique. Je passerais l’après midi au musée de l’apartheid qui permet de comprendre un peu mieux l’histoire très particulière de ce pays, de ses débuts a la colonisation, le régime d’apartheid et sa fin en 1994, finalement c’était il n’y que 20 ans et ça explique pas mal de choses. La seconde guerre mondiale est pour nous quelque-chose qui relève des livres d’histoire, la majorité des gens qu’on croise ici on eux vécu le régime d’apartheid.
Johannesbourg me laisse une impression mitigée, après 3 mois en Afrique, arriver ici c’est presque comme arriver en Europe, les voitures sont récentes, les rues bitumées, on vit a l’occidentale. De l’autre coté la certaine richesse d’une classe moyenne grandissante côtoie la pauvreté extrême de ceux qui n’ont pas réussi a profiter du boom économique. La sécurité est un vrai problème, vols et agressions violentes sont monnaie courante hors des quartiers et lieux gardés jour et nuit. Si l’apartheid est terminé depuis longtemps, on sent qu’une société a deux vitesses persiste, même si celle-ci n’est plus forcement liée a la couleur de peau.